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Textes
Au commencement, l'écriture est passée de l'objet au signe. L'idéogramme représentait le mot d'une manière figurative.
Au cours du temps, il se complexifie et son graphisme évolue pour le plus souvent, ne plus évoquer le mot directement.
Quel mystère recèle l'idéogramme en dehors de sa valeur propre?
L'écriture à base d'idéogramme fait appel à deux significations -l'une esthétique dans le choix, la dynamique, le style des caractères employés -l'autre liée au sens propre du texte, ces deux composantes n'étant pas dissociables.
A partir de cet aboutissement, le jeu est de trouver dans certains graphismes d'idéogrammes une correspondance avec son imaginaire, une émotion, et d'en donner une représentation en volume sans rapport avec la signification réelle du caractère. Cette écriture est tracée à l'aide d'un pinceau, les mouvements de la main du scripteur entraînent des pleins et des déliés qui semblent indiquer des différences de proximités et de lointains. L'idéogramme peut alors sortir du plan de l'écriture et acquérir une troisième dimension. Le raisonnement inverse nous permet de supposer qu'une sculpture puisse se passer de la spatialité et revenir à une expression liée à deux dimensions.
Y aurait-il une quatrième dimension ; le temps, dont la nature des matériaux employés - marbre, terre, bronze- déterminerait la destinée ?
De l'écriture à la sculpture
Philippe SIVAN
- Nîmes, Avril 2002
Vide et haut en trois dimensions
Serge LUNAL
- Pietrasanta, 3 mai 2002
Philippe Sivan dit : "je rêve avec mes mains..." Ce raccourci somnambulique donne tout son sens à la matérialité du vide.
Depuis le onze septembre, chaque nuit, des faisceaux de lumière bleue déchirent le ciel de Manhattan et scrutent l'infini, en redessinant les TWIN TOWERS disparues comme un dessin d'aveugle du réel en creux, la construction impalpable, aux allures d'installation conceptuelle, relit les contours fragiles de nos certitudes, en écrivant l'éloquence de la vacuité. Décocher une flèche dans le concept cartésien du plein comme "obstacle" au vide, c'est l'aspiration épicurienne de l'art chez Sivan. Déja en1994, la série rupestre, composée essentiellement de figures tricéphales, de personnages thériomorphes, de stuctures arborescentes ou radiculées, annonçait l'hallali des successions de plans harmonieux et volumes redondants. En affirmant sa quête du "tant plein que vide" dans ses excroissances corniculées, l'artiste donnait la parole au vide du "i" grec des cymes bipares. Riche de ses exploits cynégétiques, l'archer Sivan ne délaissant qu'apparemment l'imagerie forestière de ses emprunts à la faune, poursuit sa recherche des attelles du ciel dans de flamboyants idéogrammes. A l'instar du calligraphe, Philippe Sivan trace d'ardents traits de lumière, en courbe et contre courbe, dont les arcs brisés s'articulent pour déployer dans un mouvement ascendant les antennes du vide. Aujourd'hui, le vide du moule prends corps dans le bronze, pour écrire les polyphonies d'un larynx demeuré sans voix.
Au début étaient l'air, la terre, l'eau, puis vinrent le feu, le fer, le bronze et autres inventions de l'homme. Encore fallait-il qu'il signe son passage éphémère pour laisser naître une culture. De quelque objet, l'homme ne peut se passer de représentations. Le langage se structure alors pour symboliser, à partir du signe, la trace de son passage, et ainsi les nommer, ce qui sera la marque de l'érotisation du sujet. Il s'agit, ici de l'objet de l'idée, signe, hors de lui, qui permet ce va et vient incessant de l' extériorité à l'intériorité. Du dehors au dedans s'établit donc l'adéquation oscillante entre l'élément de nature et l'idée même, permettant son transfert en acte.
Certains tel Philippe Sivan, vont alors figurer le Corps inscrit dans l'univers, comme une lecture de l'espace et un instrument de communication. Peu à peu, la trace se fait langue et se constitue l' Histoire. "L'idéogramme peut alors sortir du plan de l'écriture et acquérir une troisième dimension" dit-il. On peut cependant penser que l'idéogramme est aussi par essence construit espace - temps - figure, compromis d'une pré - existence de la forme. Et de tout temps, l'acte créateur sera cette ponctuation pour une dynamique sexuée, la survie de l'espèce et la permanence du désir. Pratique primitive ? Retour à la source même ? D'un sculpteur né en Asie qui a perçu, à son insu, le signe objet de ses représentations dont il fera, plus tard une esthétique. Riches en rythmes, en lignes, l'idéogramme " correspondance avec l'imaginaire " ajoute-t-il, va prendre forme et volume. Ce corps, ces corps en étreinte, qui s'éloignent et se trouent d'espaces virtuels, vont alors s'inscrire dans l'univers et "se lire". Le travail de Philippe Sivan s'apparente ainsi depuis longtemps, sans qu'il puisse lui-même " le dire ", à une "langue " que nous découvrons avec jouissance. Car ce qu'il nous communique, tel le poème, est bien de nature, à partir de signes, à faire sens fondateur de notre être. On peut souhaiter que le sculpteur continue, par la pratique de sa langue à enrichir l'espace vital de l'âme.
Philippe Sivan ou l'empire des Signes
Jean - Marie
- Bessuge, avril 2002
Entrer dans l'atelier du sculpteur, c'est pénétrer le capharnäum, et, du nom de cette ville de Galilée, en ces temps troublés, il me vient l'idée de chaos et de naissance.
Apparemment tout est désordre : les dessins, œuvres premières ,jonchent le sol - le bronze soupesé que la main polit - la terre caressée, surtout celle aux fesses amandes - le bois facilement érigé tel le totem phallique - la pierre un peu froide et distante - le fer à la raideur qu'une courbe domestique.
Ici ou là, étagères envahies ou socles orphelins d'une précédente exposition, selle ou tournette tâchée d'ocre ou de cire noire, quelques livres d'art, car, comment créer sans culture, et, toujours, la musique comme un bain amniotique, au milieu de ces couples qui s'enlacent, se déchirent ou fécondent.
Le sculpteur est là, dans sa blouse bleue, achetée à Pietrasanta. Bleu de l'ouvrier ennobli par le geste, l'œil aux aguets, l'esprit vagabond.
Attention au bec bunsen !
Ah! ce masque pour la soudure qui permet de voir, sans l'éclair de l'arc ! Cette dégauchisseuse ! une merveille !
Autres mondes - monde réel ? monde intérieur ?
Ne renversez rien, surtout, car tout s'entend, et s'ordonne dans cette association de pensées que quelques bronzes tentent d'évoquer.
Laissez aller votre imagination !
Si Einstein a su donner du temps à l'espace, il se pourrait que le sculpteur mette en mouvement ses propres représentations mentales, dans ce qui constitue la Pensée même. Dans l'espace- temps, est la représentation de la chose ; c'est là, la croyance de l'artiste, son atelier, son exposition à l'autre. Il donne à voir du dehors mais c'est du dedans que "ça travaille " à travers ces lignes de forces, dépouillées du fatras du "comment ça fonctionne". Et quand l'osier vient à "métamériser" cet intérieur de quelques méridiens invisibles, il me plait de penser à Giuseppe Penone ...
A vous de voir.
Jean - Marie - Bessuge, décembre 2004
La culture est le génie d'un peuple, sa singularité, apportant son message au monde.
La main est le génie de l'esprit, transcrivant la marque de l'homme sur le temps.
Le dessin rupestre préfigure ce qui deviendra représentations successives d'une esthétique de la nature, de la beauté.
Comment alors maitriser l'œuvre de l'homme pour donner sens à ce qui finit par être un art ? Comment se détacher du plan, du support, pour donner
une vie différente à l'espace. Alors que ce qui est représenté sur le mur, sur la toile, va jusqu'à dénier ce qui est sa surface pour ouvrir sur un ailleurs du cadre, l'objet - sculpture, du plus primitif au plus singulier, du plus figuratif au plus abstrait, va habiter l' environnement de celui qui le touche, le contourne, le façonne à nouveau par la caresse d'un regard. Comment ne pas projeter dans cette terre cuite, cette pierre marbrée, ce bois nervuré, ce fer courbé,
jusqu'à cette cire éphémère qui deviendra bronze ? Cette palette engendrée de la main du sculpteur s'offre à l'espace, à l' extérieur de lui et de chacun, jusqu'à faire naître le sentiment - objet d'un indicible. Comment ne pas se laisser aller, par surprise, à l'effacement de la conscience, pour côtoyer, le temps d'un instant; en toute simplicité, en silence, la plénitude du réel.
Sculptures
Jean - Marie
- Bessuge, 2007
Réalité et rêve
Philippe SIVAN
- Avril 2009
Le foisonnement baroque de la vie nous submerge et m'incite à utiliser de nombreux moyens d'expression- la terre, le bois, la pierre, le métal- et à accorder un style à chacun de ces matériaux. Ma variété d'inspiration est la réponse à cette sollicitation vitale permanente.
La représentation humaine est présente ou sous-jacente à mon travail. Elle structure ma démarche et se déploie dans une intention dynamique et sensuelle.
Certains sujets sont délimités dans l'espace par des figures géométriques qui canalisent et contraignent l'élan et la liberté de la vie par la rigueur du signe.
Elles entrainent un dialogue entre " expansion - jaillissement " et " implosion - concentration ".L'alliance de matériaux éphémères (bois, plumes, osier, roseau)
et durables ( métal, pierre ) me paraît une image de notre passage, entre destruction matérielle et spiritualité intemporelle.
C'est néanmoins la singularité et la richesse du regard porté sur les objets qui leur donnera des vies multiples et différentes. La vision densifie la forme et crée un évènement autant de relation que d'antagonisme. Selon l'imaginaire des uns et des autres l'objet parlera différemment. En vrac ... Faire que l'espace extérieur soit aussi dans la sculpture.
Trouver une respiration; un souffle, un rayonnement. Prendre possession de l'espace et en être envahi. Lancer des racines dans le ciel et donner à l'immensité sa vibration. De l'inanimé chaotique et de hasard, créer une chose vivante et spiritualisée. Ne pas craindre la naïveté de la main et du regard.
Comprendre que la matière ne s'ouvre que si l'on s'offre à elle. Tout est devant nous; tout est possible; les matériaux sont là, qui n'attendent que d'être mis en forme, assemblés ; les sculptures dorment dans les blocs. La sculpture nous renvoie à notre propre spatialité. Elle nous interpelle, et cette rencontre entre notre vitalité éphémère et l' objet -stable, quiet, introspectif et rayonnant -et dont le rythme du temps se mesure avec des unités d'arbre de pierre ou d'étoile, conforte en nous la réalité de notre existence.
Voir là-bas ...
Lorsque l'artiste, par les lignes, le mouvement suscité, la légèreté, arrive à donner cette instantanéité, il nous invite à voir, à toucher la matière, VIVANTE à notre regard.
"Dans le même milieu que celui qui la contemple, elle en accepte la lumière, et ses clartés comme ses ombres sont REELLES" disait Valéry ( Pièces sur l'art). Ainsi, dans tout objet, au delà de toute FIGURE, se situe la chose sans nom qui fait rêver. L'art dans ses représentations en donne la preuve vitale. Mais qu'est-ce que la chose? Direz vous. C'est un peu l'âme du poète, de l'artiste, du créateur, de chacun. Comme un homme peut paraître figé, une sculpture peut apparaître animée. Quelle différence entre les deux? Il n'y a pas de REELLE dissemblance puisque nous partageons cette Même chose-là : LA-BAS ...
Sculptures
Jean - Marie
- Bessuge, Avril 2009
Caresse et érection d'une sculpture
Philippe SIVAN
- 10 décembre 2014
La sculpture est sensualité, rêve, imaginaire.
Le contact de la matière est une caresse;
Elle peut être sauvage ou douce, agressive ou effleurante.
Cette relation va nous situer dans le temps et l'espace.
Par la suite ,ériger une sculpture c'est lui offrir une présence et une permanence immuable.
Le bronze, matière stable et pesante, assure la pérennité de la sculpture. Sa fusion l'identifie aux forces telluriques.
Il porte en lui la mémoire des temps anciens. Il est une parcelle d'éternité.
Nous sommes un fabuleux mélange d'influences et d'indépendance.
Alors pourquoi fabriquer ces "choses" ?
Il faudra des regards avertis pour les faire irradier et leur donner présence et souffle, pour qu' elles deviennent propices à une rêverie méditative, une accession au vide spirituel, un mantra, l'hésychasme.
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TOUS LES COMMENTAIRES :
Très belles créations
Adrien
27 févr. 2022
C'est toujours magique que de pénétrer dans ton Atelier, un enchantement de s'imprégner de cette atmosphère particulière, de la présence de tant de sculptures toutes puissantes et chacune unique.
Elles nous parlent, nous interpellent, nous bouleversent, nous chamboulent.....
Merci Philippe
Eymond
5 oct. 2011
C'est avec un grand plaisir que je retrouve ton univers. Le petit bronze que tu m'as offert se sent toujours aussi bien chez moi
Jean Jourdan
8 août 2017
j ai visite votre atelier ce matin avec jean claude(artotem)et je trouve vos sculpture tres belle. Merçi encore
Gerard montredon
10 mai 2011
Trop beau et sensuel toutes tes créations, merci pour tous ces beaux rêves. Bises d'Angers, Dominick.
Dominick
27 juil. 2012
Wouah magnifiques creations et le site a regarder regulierement etait tres attendu!
Martine
26 mai 2012